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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/105

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à la page 84. Il s’agit cette fois d’un ouvrage de littérature « composé de chansons communes ou du Pont-Neuf, sans avoir ajouté seulement un vers, non pas même une parole pour en faire les liaisons. » Nous nous rapprochons, semble-t-il, du texte de Wolf. Mais cet ouvrage de littérature, ce n’est pas l’Iliade ni l’Odyssée.

D’Aubignac vient de discuter les traditions sur le nom, la famille, la patrie et la vie d’Homère. Il a démontré, pense-t-il, que nous n’avons là-dessus que légendes, « contes de vieilles ou impostures de quelque moderne. » Il conclut qu’il est « impossible qu’un homme ait vécu parmi les autres sans nom, qu’il soit né sans père ni mère, qu’il ait vécu sur la terre sans naître en quelque lieu, qu’il ait passé un nombre d’années assez considérable sans qu’il se trouve dans la suite des temps, qu’on ne sache point le temps de sa mort et que ses ouvrages aient été si mal connus de tous les plus anciens auteurs. » N’en faut-il pas déduire que « cette poésie s’est faite d’une manière fort extraordinaire » ?

« La plus forte raison qui me le persuade, ajoute d’Aubignac, c’est le titre de Rhapsodie qu’elle porte, car ce terme ne veut dire autre chose qu’un recueil de chansons cousues, un amas de plusieurs pièces auparavant dispersées et depuis jointes ensemble, et cela me fait présumer que ce sont plusieurs petits poèmes séparément composés par différens auteurs et enfin assemblés par quelque esprit ingénieux, qui s’est avisé d’en faire ce qu’on appelle un centon. »

Tout au long du XIXe siècle, surtout dans la seconde moitié, la théorie des chants séparés, la fameuse Liedertheorie germanique, nous a rendu familières et l’idée et la chose. Mais d’Aubignac, qui vivait au temps des « poèmes réguliers », les savait l’une et l’autre si contraires aux opinions et préjugés de ses contemporains qu’il ajoutait (p. 83) : « Nous avons assez d’exemples