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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/117

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Qu’on relise les premières pages de d’Aubignac et les dernières : « Nous n’avons, dit d’Aubignac, aucune tradition qui nous ait apporté l’histoire [d’Homère], d’écrivain en écrivain, car depuis la guerre de Troie jusqu’au premier auteur profane que nous avons, il y a plus de sept cens ans écoulés ; le silence d’un si long cours d’années a tout abimé dans un oubli général ou, du moins, il en est resté si peu de chose qu’on ne peut en avoir aucun témoignage assuré » ; malgré ce que nous en disent Hérodote, Thucydide, Platon, Aristote et les auteurs récents, « il ne peut rester que des conjectures » pour aller à la vérité ou, du moins, à la vraisemblance ; « Dieu a donné l’univers à l’homme pour un objet de sa curiosité et nous pouvons par de continuelles expériences chercher ce que nos prédécesseurs n’ont point trouvé ou, du moins, par de sérieuses réflexions, découvrir ce que les ténèbres du temps dérobent aux yeux les plus éclairés ; j’ai toujours eu beaucoup de respect pour ceux qui mettoient à l’épreuve les ouvrages de la nature pour en mieux examiner les merveilles et ceux qui travaillent sur les maximes de l’antiquité pour y voir ce que la négligence nous avoit laissé perdre... etc. »

Au chapitre xxvi, Wolf dit en un latin que je ne saurais traduire sans reprendre les mots de d’Aubignac :

In hac repente omnis campus disputationis mutatur, evanescunt ferme vestigia historiae et in locum eorum succedit conjectura et ratiocinatio, non quaerens illa quid Herodotus, quid Plato, quid summus Aristoteles afferat, sed quid ex principiis bene provisis cogatur et efficiatur, id severo judicio persequens et cum ipsa natura comparans ; conjecturas hujusmodi hodie vulgus infamare solet nomine hypothesium... etc., ... conjecturas de Wolf ; Conjectures de d’Aubignac.

L’une des vues les plus personnelles de d’Aubignac, — la plus aventureuse, diront les uns, la plus féconde,