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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/130

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tu attiras tous les regards, quand il apparut que tu rendais à la France ses Estienne, ses Saumaise et ses Casaubon, quelle joie il ressentit de voir cette gloire aussi rendue au nom français, chargé de tant d’autres honneurs, Gallico nomini, tot aliis decoribus conspicuo, hanc quoque gloriam impense laetabatur ; car il avait coutume de toujours rendre justice à votre nation et de l’exalter et de reporter à ses génies toutes les gloires et toutes les grandeurs, quippe nationem vestram, ut par erat, semper solebat magnificare atque ejus ingeniis omnia praeclara et summa tribuere ; plût au ciel qu’ayant vu les tâtonnements de votre révolution, il en eût pu voir aussi l’achèvement en une telle prospérité et une telle gloire de succès ! L’histoire lui avait appris les services qu’avait rendus à tout le genre humain la liberté des peuples et des cités : il n’aurait pas mêlé sa voix aux cris de ceux qui ne vantent que la liberté de leur Corcyre, pourvu que l’on y puisse..., tu sais le reste[1]. »

On sait de quelle liberté les gens de Corcyre se vantaient autrefois. En mai 1791, Wolf semblait encore désirer pour l’Allemagne un autre régime que le droit corcyréen. Son premier soin, aussitôt nommé professeur, avait été de se faire affilier à la franc-maçonnerie, à Göttingue, en 1783. Il fréquentait volontiers la « jolie loge » de Halle et, parmi ses collègues, les plus intimes partageaient ses espoirs d’affranchissement intellectuel et politique, non contre la royauté, mais contre l’Église. En février 1791, son ami le théologien Semler était mort joyeux « de voir l’Assemblée nationale de France entrer enfin dans le bon chemin et enlever au clergé toute puissance politique[2] ».

  1. Wolf fait allusion au proverbe antique : « Corcyre est libre ; c... où tu veux. » Kleine Schriften. I, p. 315.
  2. Cf. W. Körte, Studien und Leben, I, p. 106 et 128.