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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/149

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Ce jugement de L. Ross ne semble, de l’aveu répété de Wolf lui-même, que l’expression courtoise de la plus stricte vérité. Le panégyriste officiel de Wolf, R. Volkmann[1], reconnaît que l’on ne rencontre pas dans les Prolégomènes beaucoup d’idées qui n’eussent pas été formulées ou indiquées par d’autres : « Le contenu n’est pas foncièrement original, sein Inhalt ist nicht durchaus original » Mais quelle administration de la preuve, ajoute-t-il ! quelle méthode dans le choix ! quelle solidité dans le groupement ! quelle clarté en cette atmosphère de vraisemblance ! quel art dans la bâtisse de cette hypothèse ! Là, est le triomphe de l’esprit wolfien…

Laissons donc le fond de la thèse et n’en considérons plus désormais que les arguments. Pour le fond, tout aussi bien, personne ne songe plus à le défendre. La « solidité de la bâtisse » wolfienne n’est plus aujourd’hui qu’une formule du xixe siècle. Un de ceux que l’Allemagne d’aujourd’hui salue comme les princes de la philologie homérique, le successeur de Wolf en cette université de Halle qui fut le Sinaï des Prolégomènes, Fr. Blass écrivait dès septembre 1903, dans la Deutsche Revue (p. 337) : « Aujourd’hui, de la bâtisse tout entière des Prolégomènes, il ne reste pas une pierre debout, pas même celle que Wolf considérait comme la pierre angulaire, je veux dire l’ignorance de l’écriture en Grèce aux temps d’Homère ; les gens du métier l’ont jetée bas…

  1. Geschichte und Kritik, p. 4.