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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/171

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de l’écriture à la non-existence d’Homère ; Wolf avait l’audace plus ingénieuse. Il ne voulait aller ou semblait ne vouloir aller qu’à mi-chemin entre R. Wood et d’Aubignac : niant l’écriture, il pouvait nier la préméditation et l’existence de longs poèmes, mais garder sa foi en un poète, qui pouvait avoir composé, de mémoire, des ouvrages plus courts... Raisons de vanité : le renvoi à R. Wood ne diminuait en rien les droits que Wolf s’arrogeait sur l’ensemble de cette théorie ; ceux-là même qui s’étaient faits en Allemagne les propagateurs de l’Essay, n’en avaient conservé que plus vives leurs conceptions et leurs convictions unitaires ; dès 1770, dans un opuscule académique paru à Erlangen, Praecognita quaedam de Interpretatione Homeri, G.-C. Harles avait vanté les services rendus par Wood aux études homériques, « en obligeant le lecteur d’aujourd’hui à sortir de son pays et de son temps pour vivre aux champs troyens, dans les îles ou sur les côtes d’Anatolie, la vie privée et publique, naviguante et guerrière des héros d’autrefois » ; Harles rappelait dans la Bibliotheca graeca (p. 348) cette œuvre de jeunesse ; en défendait-il moins vivement l’unité et indivisibilité de l’Iliade et de l’Odyssée ?... Raisons de nécessité enfin : Wolf, pour contredire R. Wood, avait le droit et le devoir de se donner du champ sur cette question de l’écriture et d’en emplir au galop des pages et des pages ; peut-être, s’il eût donné sa vraie source, — qui était Merian, — aurait-il eu le devoir d’être bien plus concis ; le simple renvoi à Merian, en effet, l’eût dispensé de tout ce chapitre... Mais d’autres raisons encore intervinrent.

Robert Wood était l’un de ces auteurs anglais que la querelle ossianique avaient mis à la mode sur le