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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/182

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drin, affectant le parler homérique, écrivait moins après Homère que d’après Homère. Dans l’ensemble, je doute qu’avec la meilleure volonté du monde, on pût reconstituer les opinions de Wood avec le seul exposé que Wolf nous en a fait : pour écrire son chapitre de l’écriture, je doute que Wolf ait eu réellement besoin de cet Essay dont il fait si grand cas ! il lui aurait suffi, avec Harles-Fabricius, de ce Mémoire en français à l’Académie de Berlin, dont il dit pourtant n’avoir fait la connaissance presque fortuite et une « lecture précipitée » qu’après la rédaction de son propre chapitre.

Examen de la Question si Homère a écrit ses Poèmes : tel est le titre de deux lectures faites par J.-B. Merian[1] devant l’Académie de Berlin, le 19 février et le 19 mars 1789, mais publiées en 1793 seulement, dans le volume des Mémoires de l’Académie Royale pour 1788 et 1789, p. 513-554. En ce même volume de 1793, p. 481-512, paraissaient trois lectures de l’abbé Denina sur la Poésie épique ; un avertissement prévenait le public que ces trois « pièces avaient été lues en différents temps entre 1783 et 1790 » ; dix ans s’étaient donc écoulés entre la première lecture et la publication !

Pour le bon renom de Merian, il est heureux que l’Académie ou les circonstances ne lui aient pas imposé, à lui aussi, un pareil retard : imaginez que, lu en 1789, son Examen n’ait paru qu’en 1799, quatre ans après les Prolégomènes ; il serait impossible aujourd’hui de laver cet homme de lettres-philosophe, —

  1. J.-B. Merian, né près de Bâle, en 1723, appelé à Berlin par Maupertuis en 1750, nommé par Frédéric II directeur de la classe des belles-lettres en son Académie, mort en 1807.