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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/185

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littéraire beaucoup de similitudes aussi fortuites, tout en étant aussi complètes ?

Merian part de Wood, comme Wolf, et il fait, comme Wolf, l’éloge de cet Essai sur le Génie original d’Homère. Mais, à la différence de Wolf, Merian n’insinue pas et ne fait pas des signes : il parle, et son sentiment apparaît à première lecture et dès les premiers mots.

Homère a-t-il écrit ses poèmes ? « Il y a bien du temps, — répond Merian dès la première ligne, — que je me suis déclaré pour la négative (en note : voir le Recueil de l’Académie pour l’année 1774), convaincu par les preuves que M. Wood a données dans son Essai sur le Génie original d’Homère. »

Depuis 1774, on avait produit des objections contre Wood et des arguments en faveur de la thèse contraire : Merian les avait recueillis avec soin et « pesés à la balance des probabilités » ; mais ils ne l’avaient pas fait changer d’opinion. Il va donc essayer de démontrer que ni les temps héroïques ni Homère lui-même n’ont connu l’alphabet. « Car demander si Homère s’est servi de l’écriture alphabétique et demander si cette écriture fut déjà usitée dans les temps où il place l’action de ses poèmes, je sais bien que ce sont deux questions différentes et que l’on pourrait affirmer la première en niant la seconde ». Les raisonnements de Merian seront également dirigés contre l’une et contre l’autre de ces assertions.

On peut avoir lu et relu, texte et notes, les 68 pages (40-109) que Wolf consacre à l’histoire de l’écriture sans savoir, au bout, laquelle des deux assertions il accepte, laquelle il combat ou si, par hasard, il les repousse l’une et l’antre. Il semble pourtant refuser l’écriture aussi bien à Homère qu’à ses héros ; il semble même que Wolf fasse aux poèmes homériques un mérite de plus de n’avoir pas eu l’écriture pour cause de leur perfec-