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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/211

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Mais en cette Préface Wolf ne nommait pas Merian et, sans la lettre, nous ne saurions pas à qui il en avait quand il écrivait qu’il « a longuement et soigneusement traité les débuts de l’écriture en Grèce, parce que cette controverse a été conduite de part et d’autre avec des vœux plutôt que des arguments, controversia adhuc ultro citroque optatis magis quam argumentis tractata » : c’est l’exact équivalent de besteht aus Wünschen ohne Beweise.

Cette allusion de la Préface échappait au gros des lecteurs ; pour que Merian la comprît, Wolf avait pris la précaution de « le lui faire dire ». Sur quel ton et dans quelles vues cet avertissement avait-il été donné par Wolf à celui qui lui avait « gâté le chemin » ?... et comment Wolf put-il apprécier le bon caractère de ce « brave homme » ?

Dans son programme, Zur Geschichte der Wolfschen Prolegomena, M. Wilhelm Peters, pour nous faire connaître les mœurs de l’Allemagne érudite vers 1790-1800, cite une lettre d’Iffland à Georg. Forster, datée de Mannheim le 30 juillet 1790 : « Dieu de bonté, sauvez l’Allemagne des savants allemands ! Leur despotisme, qui blesse si souvent la raison humaine et le sentiment humain ; leurs contradictions ; ces mœurs du « droit du poing » (Faustrecht), dont usent la plupart pour faire accepter leurs systèmes hargneux ; la rudesse, l’impitoyable arrogance avec laquelle ils font, tous ou presque tous, par écrit leur propre éloge, de leur vivant, les uns d’une façon, les autres de l’autre ; ce bavardage sous des dehors de droiture ; cette grossièreté qu’ils appellent bonhomie, genannt hoher Biedermannsten ; cette dureté de cœur : ah ! dieu ! mieux vaut la haute Cour de Rothweil que leur Aréopage ou celui qu’ils pourraient élire... Oui, mon cher Forster, je ne sais rien qui me soit plus antipathique que la