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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/236

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quot manuscriptorum fide…, ad unius exemplum : Villoison a, durant dix années, annoncé à ses correspondants, avant de le vanter en ses Prolégomènes, ce précieux, cet unique, ce miraculeux, ce providentiel manuscrit de Venise, sauvé du naufrage de l’antiquité, pour le salut du texte homérique, egregio et vere aureo codice CCLIV, in Veneta divi Marci bibliotheca servato…, egregius ille Venetus codex[1].

« Ce genre de travail n’est que basse voltige, continuait Wolf ; combien en diffère la recensio méthodique, selon toutes les règles de l’art ! Usant de tous les instruments et de tous les secours, interrogeant tous les témoins, examinant tous les passages, même ceux où l’on pensait retrouver sûrement la main de l’auteur, c’est elle qui…, c’est elle dont[2]… » Et Wolf d’énumérer tous les services, toutes les prouesses que l’on peut attendre du vrai critique de textes, comparé au simple lecteur de manuscrit. Le simple lecteur étant Villoison, nous pouvons deviner que le vrai critique sera Wolf, et ce début, en vérité, n’était là que pour amener une belle histoire où Wolf tâchait d’expliquer comment, sans avoir pillé le bien d’autrui, — car il est homme scrupuleux, nous le savons, — il pouvait, les apparences étant contre lui, sembler coupable d’emprunts illicites : ne haec quidem de studiis meis praefarer, nisi mihi ratio ejus operis reddenda esset, in quo alienis laboribus frui non liceret[3].

Lisons l’histoire, telle qu’elle nous est racontée aux pages 11-15 des Prolégomènes.

Depuis quinze ou seize ans, depuis son adolescence, Wolf pensait à la recension d’Homère et, sui-

  1. Villoison, Prolegomena, p. i, xiii, etc.
  2. Wolf annonce en son titre de 1794 une Iliade recensée ex veterum criticorum notationibus optimorumque exemplarium fide.
  3. Prolegomena, p. 21.