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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/246

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comme en d’autres choses, le poète homérique est aussi éloigné des chantres de nos bois (c’est, je pense, les oiseaux que ce latin poétique désignait) que des poètes des âges savants et que, remis ainsi en sa vraie place, débarrassé des mille encombrements dont les doctes jadis avaient cru l’honorer, il brillait d’une grâce et d’une gloire nouvelles aux yeux des connaisseurs de la réalité et des esprits ouverts[1] ».

Pour les littératures orientales, Wolf, qui n’était ni un spécialiste ni même un initié, eut d’autres secours : nous savons son intimité avec la personne et les idées de Griesbach, l’un des maîtres d’alors en critique hébraïque ; mais Villoison, dans ses Prolégomènes, avait déjà parlé du Coran.

« Chose étonnante ! écrivait Villoison en sa note i de la page xxiii : c’est le même sort qu’ont eu les deux ouvrages les plus célèbres et les plus éloquents de la Grèce et de l’Arabie : Homère, ce manuel de toute la mythologie des Gentils, et le Coran, ce code de la foi musulmane, cette règle de la langue arabe. » Et Villoison résumait clairement l’histoire du texte coranique durant les premières années de l’hégyre ; il comparait les diverses éditions de la Mecque, Médine, Koufra, Bassora et Damas aux éditions homériques de Chypre, Chios, Crète, Sinope, Argos et Marseille, et la codification de Pisistrate à la codification par Othman de ce qui devint le texte commun, ἡ κοινὴ, la Vulgate coranique. Villoison faisait cet exposé quelques lignes avant le passage où il corrigeait l’opinion de Fr.-Aug. Wolf sur Antimaque de Colophon : Wolf a rappelé cette correction en ses Prolégomènes ; mais il a négligé de rappeler l’origine de sa science coranique...

Quant au texte de Josèphe sur l’histoire de l’écriture,

  1. Kleine Schriften, I, p. 158 et 165.