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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/33

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1780 (il dira même dans une lettre à Heyne : depuis 1779), il s’armait pour traiter ce sujet redoutable... Après quinze ans d’études, quelle étrange manière de le traiter ! jeter sur le papier, au petit bonheur de l’improvisation, des raisonnements rigoureux auxquels on attache tant de prix ! bâcler un ouvrage d’érudition, un traité de critique, qui doit servir de garant à cette recension d’Homère dont l’humanité n’a jamais eu l’équivalent, qu’elle demanda vainement à Pisistrate, à Aristote, à Zénodote, à Aristarque, et dont le seul Wolf pouvait être le providentiel artisan !... C’est, pour reprendre un mot de Wolf lui-même, une méthode de travail qui n’est pas courante chez les érudits, id nondum contigisse inter eruditos constat.

Les biographes allemands de Wolf nous disent que c’était là sa manière habituelle, sa méthode de travail : « Je ne suis pas un écrivain, disait-il à Humboldt en 1816 : je suis un professeur » Il disait déjà dans sa dédicace à Ruhnken (1794) : « J’ai bien plus de joie à enseigner qu’à écrire[1]. »

En 1779, Frédéric II et son ministre von Zedlitz avaient recommandé aux professeurs du royaume de Prusse de donner le plus tôt possible et en aussi grand nombre que possible des éditions et des traductions correctes de tous les auteurs de l’antiquité, afin d’affranchir les universités et les écoles prussiennes du tribut

  1. Cf. Allgemeine deutsche Biographie, t. 43. p. 742 : was Wolf an Ruhnken 1794 (Vorrede zur Ilias) schrieb : docendo aliquanto plus quam scribendo delector, und noch 1816 an Humboldt (Analekten, I. Verr. VII) : « für Jemand, der, wie ich, niemals Schriftsteller, sondern nur Lehrer sein wollte », das war seine Redensart, sondern lag in seinem Wesen begründet ; alle seine Schriften sind rasch empfangene Kinder der Gelegenheit und eilig hingeworfene Erzeugnisse äusseren Anlasses, nie von langer Hand bearbeitet oder auf jahrelange gelehrte Sammlungen gegründet. Die gereinigten Textabdrücke mit Einleitungen, welche er gab, waren meist von Buchhändlern erbeten oder für seine Vorlesungen bestimmt.