Aller au contenu

Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Wolf, sic transit gloria Wolfii ! » s’écriait-il ailleurs, en annonçant l’un des récents travaux de la « réaction » homérique.

À l’autre aile de nos homérisants, le plus traditionnaliste de tous, le défenseur le plus convaincu de l’existence et des mérites d’Homère est M. l’abbé Victor Terret, qui mettait en épigraphe à son Homère, Étude critique et historique (1899), cette citation de Boissonade : « L’existence du dieu de la poésie est défendue contre les plus subtils arguments par la conviction des lecteurs d’Homère… »

Tout le livre était dirigé contre les athées homériques. L’auteur avait, « durant de longues années, analysé et compulsé les ouvrages les plus remarquables de l’Europe savante » dont, en 75 pages, il dressait l’inventaire…, en commençant à Wolf et aux Prolégomènes. Car auparavant, il ne connaissait rien qui valût la peine d’être nommé ; il n’avait pas donné un regard aux innombrables et admirables travaux des éruditions italienne, française, hollandaise et anglaise durant les xvie, xviie et xviiie siècles. Pour lui, Wolf était au commencement des choses, in principio erat Wolfius, et, continuant l’évangile selon saint Jean, M. l’abbé Terret eût proclamé pour un peu que Wolf, menant sans doute le chœur des mauvais anges, était auprès du dieu de la poésie quand furent créées l’Iliade et l’Odyssée, et Wolfius erat apud deum.

En Angleterre[1], l’opinion des savants et des ignorants ne diffère en rien de la nôtre : adversaires ou partisans des « théories de Wolf », tous commencent par un salut à la mémoire du grand homme ; on n’arrive à Homère qu’en passant par lui. Pour mesurer la place que le culte de Wolf tient dans les universités d’outre-Manche,

  1. Cf. J. Sandys, A History of classical Scholarship, III, p. 51-60 : a new era begins with the name of F.-A. Wolf…, etc.