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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/71

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spirituelle et comique ; et quelle différence de sanctions au bout !

Les autres concluent ou pour ou contre Homère : toutes ces fautes, disent les uns, n’empêchent pas Homère d’être un poète divin, le poète unique et éternel ; elles montrent seulement, disent les autres, qu’Homère était homme, sujet à l’erreur ou aux défaillances. D’Aubignac, lui, conclut sans Homère : ces fautes n’existent que par nous, qui voyons dans l’Iliade un poème régulier ; elles disparaissent si, à nos conceptions vicieuses, nous substituons la vérité historique et si nous étudions séparément chacun des vieux chants héroïques, qui furent composés en des lieux différents, sur des sujets différents, et qui ne furent assemblés qu’à une époque tardive. Voilà ce que personne n’avait jamais dit avant d’Aubignac, ce que personne ne dira après lui, — aussi clairement du moins, — avant Lachmann et ses disciples de la seconde moitié du xixe siècle. Je crois même que nulle part, ni dans Lachmann ni dans ses disciples, on ne trouverait une démonstration aussi complète, des formules aussi nettes, une sentence aussi bien fondée.

Pour commencer par où d’Aubignac finit, voici la sentence de ce jugement (p. 354-355) :

« Nous trouvons dans les restes de cette vieille histoire :

I. — Que celui que l’on croit l’auteur de ces poésies et qu’on appelle Homère n’est qu’un nom d’origine incertaine, qui n’eut jamais de parens ni de patrie, dont on ne sait pas le tems qu’il a vécu, ni la manière dont il est mort, et de qui la fortune et les avantures n’ont été racontées que par des auteurs nouveaux, dans des histoires supposées ;

II. — Que cet Homère prétendu n’a rien laissé par écrit ;