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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/102

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LE SERVITEUR

de la fumée : il ne reste plus que la lumière.

Je m’y forge un tas d’idées. C’est une cave très ancienne, vaste. Je suis persuadé qu’elle est là depuis des centaines d’années. Autrefois de vieilles gens ont dû y venir, l’homme avec des sabots même pas noircis, la femme en coiffe blanche et avec un cotillon qui ne lui descendait pas plus bas que les genoux. Qui sait si, à quelque endroit, dans un creux du mur, ils n’ont pas caché leurs économies ? Je ne le dis à personne, mais je n’y viens jamais sans frapper un jour ici, un autre là. Cela fait : Toc, toc. Et cela veut dire :

— Pierre, ouvre-toi pour me montrer ce que tu caches.

Pourquoi ne serait-ce pas comme dans les livres ? Les vastes caves des châteaux d’autrefois étaient pleines de cachettes mystérieuses : qui les découvrait était riche pour toujours.

Mais, ici, les pierres sont sourdes ou ne veulent pas entendre. Et je sors de la cave avec un panier de pommes de terre et une bouteille de vin.

C’est là que dans un coin se tient le tonneau de vin que l’on remplace dès qu’il sonne clair, là que pommes de terre, carrottes et choux atten-