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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/130

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LE SERVITEUR

per. Il avait même, hors de la limite géologique de notre pays, des vignes dont il pouvait boire le vin. C’était un vin, sans doute, un peu aigrelet, mais qui devait flatter le palais de son propriétaire. Bide ne dépendait de personne. Et, comme c’était un homme un peu taciturne, à toi comme à moi il en imposait. Il y avait des silences qui permettaient d’entendre la glace se former sur les vitres, pendant que le poêle, où nous ne remettions pas de bois, faisait craquer ses jointures, comme quelqu’un qui s’étire, sa journée finie.

Nos hôtes se retirant, une fois de plus la porte s’ouvrait. Lorsqu’ils partaient les pieds dans la neige et la tête dans les rafales, il me semblait qu’ils s’en allassent très loin, dans des pays inconnus peuplés de chouettes et de loups. J’étais tenté de leur crier, comme je lavais lu dans mes premiers livres d’histoires : « À la grâce de Dieu ! »