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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/28

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Saint-Pierre, habile mécanicien, réclament à l’abbé de Vézelay une charte de commune. Je ne sais pourquoi il me semble que tu tiennes à ta sujétion et que tes chaînes te soient légères. Tu dis avec Guibert de Nogent : « Commune, mot nouveau et détestable. Et voici ce qu’on entend par ce mot : les gens taillables ne paient plus qu’une fois l’an à leur seigneur la rente qu’ils ui doivent. S’ils commettent quelque délit, ils en sont quittes pour une amende légalement fixée et, quant aux levées d’argent qu’on a coutume d’infliger aux serfs, ils en sont entièrement exempts. » Déjà tu reconnais qu’il y a, dans l’ordre spirituel aussi bien que temporel, des hommes qui te sont supérieurs, et il se peut qu’il te soit agréable de leur être soumis. Tu ne fredonnes pas le chant de révolte de l’époque : « Nous sommes hommes comme ils sont. » Tu sais que Dieu, quand il eut créé le monde, y plaça trois espèces d’hommes : les nobles, les ecclésiastiques et les vilains. Il donna les terres aux premiers, les décimes et aumônes aux seconds, et condamna les derniers à travailler toute leur vie pour les uns et pour les autres . Tu viens de passer par les terreurs de l’an mil.