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Page:Bachelin - Le Serviteur.djvu/56

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LE SERVITEUR

auraient beaucoup de peine à subsister. Tout ce qui s’appelle bas peuple ne vit que de pain d’orge et d’avoine mêlées dont ils n’ôtent même pas le son, ce qui fait qu’il y a tel pain qu’on peut lever par les pailles d’avoine dont il est mêlé. Ils se nourrissent encore de mauvais fruits, la plupart sauvages, et de quelque peu d’herbes potagères de leurs jardins, cuites à l’eau, avec un peu d’huile de noix ou de navette, le plus souvent sans ou avec très peu de sel. Il n’y a que les plus aisés qui mangent du pain de seigle mêlé d’orge et de froment. »

C’est de ce « bas peuple » que par ton intermédiaire je descends. Car un peu moins de deux siècles après, à l’époque où tu naquis, alors que Louis-Philippe Ier régnait sur la France, les choses n’avaient pas tellement changé que l’on ne pût écrire :

« Les Morvandiaux, hommes et femmes, sont en tout temps chaussés en sabots ; ils les font fabriquer chez eux à bon compte avec un pied de verne ou de bouleau qu’ils achètent rarement : ils aiment mieux le couper en maraude dans la forêt voisine. Leur sobriété est extrême. Le matin, la soupe assaisonnée