Aller au contenu

Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Hippocrate d’Euclide et d’Archimède, qui, dans les inventeurs, étoient saines et vigoureuses, n’ont fait à la longue que dégénérer, et n’ont pas peu perdu de leur éclat[1]. Différence dont la véritable cause est que, dans les arts méchaniques, un grand nombre d’esprits ont concouru vers un seul point ; au lieu que, dans les sciences et les arts libéraux, un seul esprit a écrasé tous les autres par son poids et son ascendant ; et ces esprits supérieurs, trop souvent ses sectateurs, l’ont plutôt altéré qu’éclairci. Car, de même que l’eau ne s’élève jamais au-dessus de la source d’où elle est dérivée, de même aussi la doctrine d’Aristote ne s’élèvera jamais au-dessus de la doctrine du même Aristote. Ainsi, quoique cette règle qui dit que tout

  1. Ce qui, à cet égard, pouvoit être vrai du temps de Bacon, ne le seroit plus aujourd’hui : par exemple, qui oseroit dire que les mathématiques n’ont fait que dégénérer ? En général toutes les assertions sont exagérées.