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Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/289

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l’un de ces rabbins déduit cet axiome de physique : que les maladies putrides sont plus contagieuses avant qu’après la maturité. Un autre en tire cette maxime de morale : que les hommes entièrement souillés de crimes, corrompent moins les mœurs publiques, que ceux qui ne sont que médiocrement méchans et qui ne le sont qu’à certains égards. Tant il est vrai que, dans ce passage et autres semblables de cette loi, outre le sens théologique, l’on rencontre çà et là une infinité de choses qui appartiennent à la philosophie.

Que si l’on examine avec quelque attention cet excellent livre qui porte le nom de Job, on le trouvera tout rempli et comme gros de mystères de la philosophie naturelle[1]. Tel est le passage

  1. De mystères et non de faits, c’est-à-dire d’expériences et d’observations. Bernardin de St. Pierre, armé apparemment de la lunette de Bacon, a cru aussi appercevoir dans ce même Job une très bonne physique ; non pour faire passer ensuite, comme le chancelier Bacon, certaines propositions, jadis hérétiques et aujourd’hui ortodoxes ; mais tout simplement parce qu’il croyoit, ou plutôt parce qu’il vouloit l’y voir. Or, en cherchant la cause de la foi de ce grand physicien, foi assez étonnante dans un siècle tel que celui-ci, il m’est venu un soupçon : c’est que pour appercovoir dans Job de la bonne physique, il suffit d’avoir dans la tête une physique semblable à celle de Job. Bernardin a cru voir dans la lune la souris qui étoit dans sa lunette.