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Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/332

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par une réflexion qui pourra s’étendre sur le tout, c’est que la science dispose et fléchit l’ame de manière qu’on ne la voit jamais se reposer tout-à-coup sur ce qu’elle possède, et se geler, pour ainsi dire dans ses défauts ; mais qu’au contraire elle s’excite sans cesse elle-même et n’aspire qu’à faire de nouveaux progrès. L’ignorant ne sait ce que c’est que de descendre en soi-même et de se rendre compte de toutes ses actions. Il ne sait pas combien il est doux de se sentir devenir de jour en jour meilleur. Si par hazard il est doué de quelque vertu, il la vantera sans doute et l’étalera en toute occasion, peut-être même saura-t-il en tirer parti ; mais il ne saura pas la cultiver et l’augmenter. Si, au contraire, il est entaché de quelque vice, il ne manquera pas d’art et d’industrie pour le voiler et le pallier ; mais il n’en aura pas pour le corriger : semblable à un mauvais moissonneur, qui va toujours moissonnant et n’aiguisant jamais sa faux. L’homme éclairé, au contraire, ne se contente