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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/146

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DES ANCIENS.

toute espèce, des matières pour le logement et le vêtement, des alimens, des remèdes, des instrumens et des moyens pour faciliter, abréger et perfectionner tous ses travaux ; en un mot, une infinité de choses nécessaires, commodes ou agréables ensorte que tous les êtres qui l’environnent, semblent s’oublier eux-mêmes, et ne travailler que pour lui[1];

  1. Quoique l’homme tire parti de tout, il ne s’ensuit pas que tout ait été fait pour que l’homme en tirât parti : autrement l’animal qu’il nourrit, auroit aussi droit de croire que l’homme a été fait pour lui ; et j’ai peine à me persuader qu’un requin, lorsqu’il dévore un homme d’une seule bouchée, l’avale, en s’oubliant lui-même, et ne le mange que pour lui faire plaisir. Si l’homme est en effet le centre de l’univers, quand le requin a avalé l’homme, le centre de l’univers est alors dans le ventre du requin. La vérité est que, si les différens êtres ont été formés à dessein, ils ont été faits les uns pour les autres, puisqu’il n’est aucun être qui n’ait besoin de quelques autres, et qui ne soit nécessaire à d’autres. Le véritable lien des êtres organisés, ce sont leurs besoins et leurs actions réciproques. L’homme a de plus des droits