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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/243

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DES PRINC. ET DES ORIGIN.

s’arrêter. De-là aussi le règne des idées abstraites auxquelles on a attaché tant d’importance, qui se sont introduites dans la philosophie avec une sorte de majestueuse assurance, et qui en ont tellement imposé au vulgaire, que la multitude immense des rêveurs a presque étouffé la société peu nombreuse des philosophes mieux éveillés. Mais heureusement la plupart de ces préjugés se sont dissipés, quoique tel savant de nos jours ait pris peine à relever et à étayer toutes ces opinions qui tomboient d’elles-mêmes ; entreprise qui nous paroît plus hardie qu’utile[1]. Mais il est aisé de sentir combien le systême des philosophes qui regardent cette matière ab-

  1. Il s’agit ici de Patrice de Venise, qui avoit tâché de ressusciter la philosophie da Platon, surtout ses hypothèses sur les idées. Toute cette philosophie rouloit principalement sur une supposition semblable à ce prétendu principe de Descartes : tout ce que je conçois clairement et distinctement est vrai; mais Descartes avoit oublié, ainsi que Platon, d’énoncer la mineure de ce syllogis-