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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/34

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DES ANCIENS

sont (ou doivent être) unis à leurs peuples comme Jupiter à Junon, et par une sorte de lien conjugal ; mais, trop souvent corrompus par la longue habitude du commandement, ils le font dégénérer en tyrannie ils attirent à eux toute l’autorité ; ils foulent aux pieds les privilèges et les droits de tous les ordres de l’état ; ils dédaignent les avis de leur sénat (du conseil d’état, et en Angleterre ceux du parlement) c’est-à-dire, qu’ils exercent un pouvoir arbitraire, voulant que leurs ordres les moins réfléchis soient exécutés sur-le-champ[1], et que leur

  1. Ils veulent que leurs ordres soient donnés militairement et exécutés prévôtalement : au lieu de s’assurer sur la confiance publique, la base la plus large et la plus solide de toute autorité ils s’asseient sur une baïonnette qui tôt ou tard leur perce… L’état respectif du peuple et du prince est un état de guerre ; ils se résistent réciproquement, et le prince est continuellement obligé de réagir contre la multitude immense qui agit sans cesse par la violence ou la ruse contre ses loix et son autorité. S’il a un caractère foible cette ré-