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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/345

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création, ni croire que le monde ait pu être tiré du néant, ils prétendent qu’après une infinité de combinaisons irrégulières, qui étoient comme autant d’essais, la matière s’est enfin arrangée dans ce bel ordre. Ils s’embarrassent fort peu de l’optimisme, eux qui pensent que le monde même (ou la matière envisagée par rapport à son ensemble, et à la disposition de ses parties) naît, meurt et renaît, par une succession alternative, sans fin et sans terme ; en un mot, qu’aucune de ses formes n’est constante. Ainsi, c’est la foi qui doit être notre seul guide dans cette question, et c’est dans les livres destinés à l’affermir, que nous devons chercher la vérité ; mais la matière, une fois créée, auroit-elle pu, dans l’espace d’un nombre infini de siècles, se distribuer ainsi d’elle-même, et, en vertu de la seule force que le souverain auteur de toutes choses lui avoit imprimée, en la créant, s’arranger dans le meilleur ordre possible, comme elle l’a fait en un instant, par l’action puissante du