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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/387

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seroient obligés de faire le tour ; et sur un continent ou sur l’autre, des éclaboussures qui seroient l’équivalent d’un déluge, sans compter l’ombre de cette masse énorme, les reflets, des nuits toujours sans lune dans presque toutes les parties de la surface de notre globe ; le clair de lune extrêmement vif dont jouiraient certaines parties, etc. etc. etc. Voilà sans doute un rêve philosophique ; mais on rêve quelquefois la vérité, et toutes ces conjectures sont des conséquences rigoureuses de nos trois suppositions, dont une, savoir celle de l’attraction newtonienne, est démontrée. Quoi qu’il en soit, outre que des conjectures, ainsi appuyées sur des principes connus, sont plus supportables que les suppositions gratuites du philosophe grec, elles peuvent servir du moins à exercer l’esprit et à le dégager des viles entraves de l’habitude, qui, à certains égards, est notre plus grand ennemi ; parce qu’on clouant, pour ainsi dire, dans nos esprits certains préjugés, elle cloue, dans tout notre être, les maux dont ils sont la source.

(b) Le sentiment de ceux qui n’admettoient (ne supposoient) qu’un seul principenous paroît mieux fondé que les précédens. Tous les corps que nous connoissons le mieux et que nous pouvons observer de près, éprouvent une succession alternative de raréfaction et de condensation : ils ne peuvent se raréfier et se condenser