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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/41

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DE LA SAGESSE

dres, avec tout le zèle et toute la diligence possibles ; mais, comme ils manquent ordinairement de prudence, et se hâtent trop d’exercer ce dangereux office, pour se remettre en faveur, tôt ou tard, excités par la connoissance qu’ils ont des intentions du prince, mais sans avoir reçu des ordres précis à ce sujet, ils se rendent coupables de quelque barbare exécution qui excite l’indignation universelle ; alors les princes, pour décliner l’odieux attaché à de telles actions, le rejetent sur ces ministres, les abandonnant tout-à-fait et les laissent ainsi exposés au ressentiment, aux délations et à la vengeance des parens ou des amis de ceux contre lesquels ils ont exercé leur cruauté ; enfin, ils les livrent à la haine publique et alors tout le peuple applaudissant, par de bruyantes acclamations, à la conduite du prince, qui semble n’avoir d’autre but que celui de faire justice, et faisant mille vœux pour sa prospérité, ces ministres de terreur subissent, quoiqu’un peu tard, la peine qu’ils ont méritée.