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Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/63

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DE LA SAGESSE

nant ces places où ils s’étoient posés avec ordre, se dispersoient également. Enfin, Orphée lui-même fut mis en pièces par ces femmes furieuses, et ses membres furent dispersés dans les champs. L’Hélicon, fleuve consacré aux muses, fut si affligé de cette mort, que dérobant ses eaux à la lumière, il prit son cours sous terre, et ne reparut que dans d’autres lieux.

Voici quel paroît être le vrai sens de cette fable : on doit observer d’abord que les chants d’Orphée et les sons de sa lyre ont deux effets et deux buts diffférens ; l’un, d’appaiser les mânes ; l’autre, d’attirer les animaux, les arbres, etc. le premier se rapportant visiblement à la philosophie naturelle, et le dernier à la philosophie morale et politique ; car le but le plus élevé de la philosophie est de rétablir entièrement les choses corrompues, en les ramenant à leur premier état, ou de les conserver dans leur état actuel, en les préservant de toute dissolution, ou du moins en retardant leur pu-