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Page:Baillargeon - La Neige et le feu, 1948.djvu/104

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D’instinct, par conséquent, Boureil eût évité la compagnie de cet idéologue par constitution ; mais Poillon passait pour très sévère à l’égard des Canadiens, et Boureil voulait savoir tout ce que l’on pensait sur leur compte. Il alla donc frapper à sa porte.

Pour cela, d’ailleurs, il choisissait un moment où il savait que les paroles les plus désagréables qu’il pût là entendre seraient compensées par la joie qu’il éprouvait depuis son premier rendez-vous avec Simone Audigny.

Boureil se croyait parvenu à un âge où l’on peut jouir seul d’un sentiment : il apprendrait donc sans trop de chagrin qu’aux yeux des Français, les Canadiens manquent de séduction. Ajoutons que ces derniers sont accoutumés à l’état de l’amant malheureux, à aimer sans posséder.

Poillon, étendu sur son lit avec un roman, pria gentiment Boureil de s’asseoir à sa