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II

Les bouche-trous


Par extraordinaire, la taverne se trouvait presque vide. Une ampoule électrique, vissée au plafond bas, éclairait jaune. Des tables du fond, près du comptoir, sourdait un murmure de paroles entrecoupées des rots et gros mots que lâchaient un tas d’énormes outres à deux ou trois ventres roulant l’un sur l’autre. Chiron, à l’écart et seulet devant quatre verres de bière, fumait un cigare tors, les yeux fermés.

Boureil se précipita vers lui :

— Alain, mon bon ami, sauve-moi !

Chiron ouvrit ses yeux, et sans paraître ému :

— Assieds-toi donc que je t’offre à boire.

— Je souffre d’un mal que tu peux guérir.