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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/122

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une force qui vous attache à qui vous aime.

Mais le bonheur qui lui survint, elle ne l’eût pas espéré. Il se forma par petites clartés : un peu de rose, un peu de bleu, un peu d’or, comme au printemps lorsque le jour se lève.

François avait la bonté timide. Il y eut d’abord, modestement, la chambre où le Monsieur à petites rentes loge sa maîtresse. Ici la table, là le réchaud ; là l’armoire ; en bonne place l’essentiel : le lit. Il venait du samedi au mardi. Les autres jours, François était venu, François allait venir. Elle en parlait avec sa courtepointe. Il lui avait trouvé un beau nom : plus Blanche : Petite-Marie, Petite et Marie avec un trait d’union. Ses lettres commençaient : « Ma chère petite Marie. » Il se servait de ce nom pour lui dire : « Petite-Marie, tu ne saurais croire combien je suis heureux de t’avoir découverte. »

Il la découvrit encore mieux. Alors, un soir, il dit : « Petite-Marie, je veux me trouver plus souvent avec toi : cette chambre est bien mesquine, nous allons en louer d’autres. » Avec un peu de honte, il avoua qu’il ne possédait pas que de petites rentes. Il en possédait de grosses ; il était capable d’acheter d’un seul coup pour plus de six mille francs de meubles :

— Petite-Marie, voici les quittances ; elles sont à ton nom, on ne sait jamais ce qui arrive.

Un peu plus tard, il confessa autre chose : il avait eu tort d’en faire un mystère. Il n’était pas seulement gros rentier, il était beaucoup plus ; hé ! hé ! presque millionnaire :

— Petite-Marie, à cause de celle qui est morte, tu comprends, tu ne peux pas devenir ma