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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/129

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l’œil ; puis il mit son oreille pour écouter près du cœur. Il s’écarta avec Marie.

— Madame, vous êtes, je crois, la maîtresse… Monsieur aurait dû se soigner depuis longtemps. Vous comprenez, l’albumine…

— Mais, demanda Marie, il guérira ?

— Hum ! Ces maladies se résolvent très vite.

Elle comprit : dans sa jeunesse, François avait pris beaucoup de plaisir. Il s’en vantait quelquefois : il en avait pris aussi avec elle : usé ! Tout de même, la mort n’arrive pas comme cela : elle frappe à la porte, elle vous envoie des maladies, pas un petit rhume.

Pendant un long moment, elle ne sut que faire. Elle appela Justine et Jean. Elle voulait tout son monde autour d’elle. Après, elle songea que Mère conviendrait mieux pour l’aider ; elle rédigea une dépêche ; elle en fit une seconde pour un M. Sonveur, un frère dont François lui avait parlé. Puis elle revint près de François et lui reprit la main. Il soufflait en respirant, de petites bulles. Avec un linge, elle les tamponnait à mesure.

Mère arriva dans la matinée. François, qui ne parlait plus, tourna les yeux ; il l’avait reconnue ; il essaya de se dresser sur un coude, il eut un petit sourire. Le frère arriva une heure plus tard. Pour celui-ci, il ne se dérangea pas. Il lui vint quelque chose d’inquiet au regard. Marie se rappela qu’un jour il avait raconté : « Mon frère, c’est un mauvais homme. »

Elle fit :

— Monsieur Sonveur, j’ai cru bien faire de vous avertir.

— Je vous remercie, Madame.