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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/141

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À vingt-cinq ans, peut-être est-ce pour cela qu’il riait triste ? Il n’avait d’ailleurs plus que d’un tiers ou d’un quart sa maîtresse.

Presque pauvre, il était pourtant riche de certaines choses : il possédait un bahut et, dessus, une tête de mort. Il possédait pour cette tête une vieille pipe, à lui fourrer entre ses molaires de tête de mort. Il possédait le lit où l’on se couche, le fauteuil où l’on rêve. Il possédait une seconde armoire avec des livres. Il possédait aussi, en plâtre, des Vénus, une Victoire, puis sur la croix un Christ, parmi ses autres plâtres.

Vous devinez l’artiste. Du moins de l’artiste il portait les cheveux. Écrivain, il essayait. On peut dire qu’il étalait beaucoup de papiers sur sa table.

Il gagnait, au surplus, sa vie. À neuf heures il partait au bureau ; il en sortait à onze, déjà libre. Il touchait pour cette promenade cent francs par mois : un bel emploi quand on n’est pas de la race des domestiques. Il avait payé pour l’avoir ; il avait dit à son patron : « Il me reste dix mille francs, placez-les dans vos affaires. » Il se trouvait ainsi de moitié son propre patron.

Pour finir : il s’appelait Henry Boulant. Le nom de son père, le nom de son grand-père, le nom qu’il eût donné à ses enfants. C’était, en somme, un nom. Il n’y avait pas là de quoi être bien fier.

Un jour, au bas d’une lettre, il écrivit ce nom…

… La lettre était signée.

Les autres annonçaient : « Jules » ou « Victor »