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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/163

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Il cherchait. Comme pour les lingères, vous trouvez dans les journaux des annonces pour les bons employés. C’est le comptable qu’on demande pour usine sérieuse ; le commis pour écritures faciles ; c’est l’agent d’assurances ; le Monsieur bien introduit pour articles de bon rapport. Henry affirmait : « Je suis bon à tout. » Il commençait sa lettre : « Monsieur, j’ai l’honneur de vous faire mes offres de service : je suis orphelin, vingt-cinq ans, d’excellente famille, j’ai fait mes études latines… » De belles références, on peut le dire. Aussi glissait-il une restriction : « Je ne dispose que de quelques heures par jour… » Mais pour le reste — ah ! pour le reste ! il vous assurait, Monsieur, de son zèle, en vous envoyant ses salutations les meilleures.

Cela composait en tout une fort belle lettre : on n’avait qu’à répondre ; on ne répondait jamais.

Il vint ainsi un jour, où, au lieu de « vingt-cinq », il fallut mettre : « J’ai vingt-six ans. »

Une fois, on le convoqua. Marie lui brossa sa redingote. Il revint :

— Chez un brasseur ! Cet homme m’a dit : « Quand on est employé, Monsieur, on a une belle écriture ; on n’oublie pas une virgule ; on ne fait pas de tache ; on arrive au bureau à huit heures, pas à huit heures cinq. Le dimanche, on se couche tôt pour être dispos le lundi ; le mardi, on transcrit les factures, le mercredi… » J’ai répondu : « Bien, Monsieur, je repasserai quand vous aurez fait le tour de la semaine. »

Elle eut bien du plaisir. Lui aussi, au fond de sa gorge : Hum !