Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/174

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— Oh ! Mère, Mère !

Il fallait que tout de suite Mère sût combien sa fille était heureuse !

Depuis la maison, Henry marchait. Il marchait sur une route : voilà tout. Il pensait : « Marie m’accompagne. » Ça c’était bien. Par malheur il pleuvait. Sous la pluie, il sentait plus dure sa barre dans la tête. « Il faut du soleil », disait le docteur. Oui « il faut du soleil » et l’on vous sert la pluie. La pluie et, parce qu’on va sous des arbres, l’odeur pourrissante des feuilles. Pouah !

Depuis quelques jours, son estomac allait mieux. Il avait osé manger des prunes cuites. Délicieux, après si longtemps, des fruits. Et voilà que du dernier, grand Dieu ! il avait avalé le noyau. Que se passe-t-il, dans un estomac, quand on y perd un noyau de prune ? L’estomac porte un pylore, « un concierge inflexible qui ne laisse sortir que les aliments bien broyés ». Il avait lu cela dans un livre. Alors, que ferait-il, le pylore, en voyant ce noyau ? Il en avait parlé aux amis ; ils avaient ri, ces imbéciles. Il en avait parlé au docteur. Le docteur, très sérieusement, avait dit : « Mon petit, je ne voudrais pas être derrière toi quand il sortira… » Donc, il sortirait. Mais quand ?

Il passait des hommes. Des hommes, ça se retourne ; ça se fiche de vous quand on a avalé un noyau de prune. Et puis, ça se demande : « Tiens, où va-t-il celui-là ? » Où ? Au fait, c’est vrai, encore un qui se marie. Encore un, entends-tu, Henry Boulant, encore un, toi comme les autres…

Et cet ami ! Comme on les hait, les amis qui