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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/181

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Pour tante Ida, on prenait l’omnibus. Bon. On arrivait. Tante Ida était chez elle au coin du feu dans une bergère. Elle avait à son cou la chaîne d’un face à main pour voir les gens qui entrent. Elle dorlotait sa toux. Il fallait attendre qu’elle en eût fini avec sa toux. Alors elle disait : « Mon cher neveu, puisqu’il est fait, je suis convaincue que votre mariage est excellent. » Puis elle leur versait à boire cinq larmes de son bon malaga, ce vin à la fois amer et sucré, signifiant : « Ne l’oubliez pas, ma nièce », les douleurs et les joies que l’on rencontre dans le mariage. Après on s’en allait.

Pour l’oncle Jacques, on fit un long voyage. Il était chez lui, au coin du feu, dans une bergère. Il détestait les gens qui introduisent avec eux des courants d’air. Il fallut attendre qu’il en eût fini avec ces courants d’air. Alors il allait dire… quand, dans la chaise de Marie, quelque chose craqua… Seigneur-Dieu ! elle croyait les chaises pour s’asseoir. Pas celles de l’oncle, voyons ! À cause d’un pied de chaise, on partit beaucoup plus tôt.

— Et maintenant, courons chez ta cousine, disait Henry.

Il l’embrassait :

— Mes lèvres sont à l’aise sur ta cousine. C’est encore un peu sur toi. Aujourd’hui elles goûtaient la crème, hier elles étaient au chocolat.

On continua par tante Louise, celle qui n’avait pas réussi à faire d’Henry un enfant de bonne famille. Cette fois, sans rire, il dit :

— Une personne excellente, tu verras. Pas en crème, comme ta cousine ; elle est plutôt