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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/194

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La ville, c’est l’habitude ; c’est, comment dire ? c’est la ville enfin, un besoin que l’on porte en soi, parce que l’on n’a jamais fait autrement et que l’ « autrement » on l’ignore. Et alors : Oui… on renonce. Demain, parce qu’Henry l’aime, moins peut-être, parce qu’il croit l’aimer, pour vous, la bruyère, après-demain la bruyère, les autres jours la bruyère, cette vilaine ferme, ces paysans à sabots, cette chaussée où la nuit on deviendra, avec une lanterne, son propre réverbère.

Mais où serait l’amour, où Marie l’Épouse, si de son cœur on ne faisait une pierre ; un cœur tout en « non » pour soi, un cœur pour lui tout en « oui » ?

— Oui, disait Marie…

Avant de s’établir, ils revinrent en ville. Elle avait, du temps de François, des meubles, de ces beaux meubles qui vous consolent : « Tant que je les aurai » :

— Ils sont trop grands, dit Henry, il faudrait les vendre…

— Oui.

Elle avait des bijoux ; pas des pacotilles pour des doigts de lingère : de grosses bagues, une belle chaîne, des bracelets qui font bien quand on est presque la femme d’un François. Henry dit :

— Pas la peine à la campagne ; il faudra les vendre.

— Oui.

Ils purent partir. Ils firent leurs adieux. On alla chez l’oncle ingénieur. Marie était contente. Une fois, l’oncle l’avait appelée toute seule. Il l’avait grondée :