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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/197

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s’appela la cuisine. Les gens admiraient :

— Jamais, Madame, nous n’avons vu une aussi belle cuisine.

— Regarde, disait Henry, ce plafond noir, ce carrelage rouge où tu sèmes du sable, cette petite fenêtre à curieux petits carreaux, en ville, on paierait des architectes pour les avoir et encore ce serait en toc.

Elle s’occupa ensuite de la chambre à coucher. Elle l’avait remarqué : à la campagne, dormir n’a pas d’importance. Ainsi à l’auberge, un des fils logeait dans une ancienne garde-robe, l’autre dans une chambre qui n’en était pas une, puisqu’on y remisait des sacs de farine. Marie ordonna la sienne, étroite il est vrai, avec de pauvres meubles, quand même une vraie chambre. Le soir, Henry blaguait :

— Prends garde au plafond ; nous avons l’air de dormir sous le couvercle d’une caisse à cigares.

— Oui, mais avec ces beaux draps, le lit est bon.

— Pour sûr, faisait Henry.

— Et ce que tu y trouves…

Il ne disait plus : « Ça me dégoûte. »

Après, ce fut, ici le pupitre, là tes livres, là tes cadres, la troisième pièce, la plus belle, où travaillerait Henry. Puis, pour finir, l’étable. Une étable pour des poules, cela représente des planches à clouer, des pieux qu’on enfonce, du treillis que l’on tend. Un jour, elle put dire :

— Tu vois, Henry ; ici, j’ai mis le perchoir ; il est grand, tu y logeras tes deux cents poules. Demain j’achèverai les pondoirs. Dans ce coin, je pends la bêche ; le marteau, quand il te le