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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/218

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tu y manquais, il manquerait quelque chose au Bien qui compense le Mal de ce monde… » Si on l’avait dit, ô Marie, — ô Blanche d’autrefois, accueillante et douce Nonne du Grand Neuf…

Et alors pour Marie… Mais il fallut auparavant bien des choses. Il fallut, dans son lit, des nuits à tourner seule, parce qu’Henry, dans le sien s’obstinait à jouer aux Trappistes. Il fallut qu’à tourner, elle comprît : « En effet, l’homme et la femme, c’est quelquefois malpropre. » Il fallut qu’à ne plus manquer les messes du dimanche, elle suivît les messes de la semaine ; qu’à s’agenouiller devant le prêtre à confesse, ce prêtre lui dit : « Aimez le Bon Dieu, mon enfant. » Il fallut des communions, où, quand on y pense, cette hostie, on sent, par tout le corps, presque un Henry qui vous touche. Il fallut, un jour, l’histoire d’une autre Marie, une sainte vous savez, qui vida sur les pieds de Jésus le flacon de parfum qu’elle avait reçu d’un type. Il fallut une procession et ses robes blanches… un beau sermon. Il fallut surtout qu’à voir Henry prier elle connût les prières d’Henry ; qu’à lui trouver sur le corps un scapulaire, elle portât ce scapulaire ; qu’à toujours penser d’après lui, encore plus elle pensât d’après lui ; et alors, un soir, comme on traîne les œufs pour Henry, comme on aime la bruyère pour Henry, parce qu’elle croyait que son Henry voulait devenir un saint, — en regardant son Henry, elle eut dans les yeux quelque chose de ce bleu que l’on voit dans les yeux des Trappistes. Et ce qu’elle dit !

— Si tu savais, je voudrais tant devenir une sainte !