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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/259

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eût le temps de se remplir les yeux, de se bourrer la tête, pour après la retrouver toute. Il put la regarder ainsi…

— Voilà, Madame,… maintenant… je pars…

… Comme on s’arrache.

N’y eut-il pas du sang, hors de lui, tout du long, bas de son cœur ?

Vraiment, ce qu’on appelle être carrément lancé au diable. Alors, croyez-vous, tout fut fini ? Ah bien oui !… Évidemment, à cette minute, il eût suffi d’une de ces automobiles qui, d’un homme en plein dans une histoire, font un homme qu’on ramasse, en conclusion de cette histoire. Les sales machines, ce n’est jamais quand il le faut, qu’elles vous écrasent.

Il rentra. Une maman était là :

— Maman, si tu savais comme j’ai de la peine.

Après, soigné par cette maman, peut-être bien qu’il fut malade. Cela semble probable, puisqu’il guérit. Après, peut-être bien qu’un jour il retourna au square et qu’au lieu de ces fenêtres à Bach ou à Beethoven, il vit de ces fenêtres passées au blanc, comme quand une Germaine Lévine n’est plus là. Cela semble certain, puisqu’il y pendait une affiche : Appartement à louer. Qu’est-ce que cela fait ?

Autrefois, avant tous les Henry, il y avait eu Henry le gosse. Encore un peu cet Henry qui faisait mé-mé aux petits Jésus. Cet Henry-là aimait une femme, oh ! pas une grande : deux tresses dans le dos, des yeux on ne saurait dire, et belle !… oh si belle ! Quand l’avait-il vue pour la première fois ? Il était au collège, elle habitait la ville. Alors, les jours de promenade, quand on prenait le rang, Henry se mettait à trembler,