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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/269

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les branches, pas autrement que ne l’eût fait sa petite fille ; qu’elle portait un manteau avec des franges et aussi qu’en sortant du Bois, pour que cela devînt papillon, elle déposa la chenille sur une feuille.

— Et maintenant, dit-elle, laissez-moi partir seule.

— Oui, Madame, mais avant, votre manteau, j’en voudrais une frange.

— Prenez-la.

Mais si fort qu’il tirât avec sa patte d’homme, il avait si peur qu’il ne parvint pas à briser cette frange, tandis qu’elle, simplement, d’une secousse, avec ses mains d’Impéria, brisait cela :

— Voilà.

Alors, le lendemain, après qu’il eût dit à Marie : « … et pourtant oui… je t’aime », quand il fut retourné au Bois, qu’à défaut de la chenille il eut retrouvé la feuille, qu’il eut mis dans une lettre la signification qu’il avait comprise à certain geste, on lui répondit ce qu’on répond lorsque vraiment ce qui arrivera est contre la volonté, mais que décidément cette volonté n’a plus rien à faire : « Comme vous êtes fou… Enfin ! »

Et à cause de cet « enfin » : il y avait eu combien de jours : « Je ne puis rien pour vous » ; il y avait eu trois cent quarante-cinq jours : « Germaine Lévine, où peut-elle se cacher ? » ; il y avait eu beaucoup de jours : « En copain, Madame » ; jour par jour, tous ces jours se suivaient en lourds colliers d’année, et voici, tout à coup, il n’y eut plus, isolées, que des perles de jour.

Un jour : et à trois heures, au 4040, le numéro du journal, un coup de téléphone : « M. Boulant