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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/274

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mauvaises, ou eux méchants. Henry n’était pas méchant et elle, mon Dieu ! Il avait dit qu’il voulait vivre seul, qu’après il reviendrait. Mais quand ? Elle resta là. Oh ! non, elle ne serait pas de celles qui s’accrochent avec des griffes. On est Marie. Marie, tout ce qu’elle peut, ce sont des larmes et, dans les larmes, combien belle cette Marie !

Elle fit, en Marie, tout ce qu’il lui avait dit de faire. Il avait dit :

— Tu rangeras ma malle.

Elle rangea cette malle.

— Tu n’oublieras rien.

Elle n’oublia rien. Elle ajouta un mot : « Mon cher petit », afin qu’il se retrouvât dans ses affaires.

Il fut ainsi midi : elle pleura, parce qu’un autre jour, à midi, elle aurait servi le déjeûner d’Henry.

Il fut ainsi trois heures : elle pleura parce qu’un autre jour, à trois heures, elle aurait, jusqu’au bureau, accompagné Henry.

Il fut ainsi six heures : elle pleura, parce qu’un autre jour, à six heures, elle aurait servi le dîner d’Henry.

Elle attendit minuit, parce qu’à minuit il aurait pu revenir ; elle ne dormit pas, car toutes ces heures, passé minuit, il aurait pu revenir ; le matin elle n’avait pas dormi, parce que d’heure en heure, depuis minuit, l’ayant pu, il n’avait pas voulu revenir.

Pour ce jour, il avait dit :

— Tu mettras la malle sur le palier… je viendrai… ne sois pas là.

Elle mit la malle ; mais, quand il vint, elle était