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Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/6

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mode, on subit le charme du style même. On est séduit à tout instant par des bonheurs d’expression, des trouvailles de vrai poète, des images qui ne doivent rien à personne. »

On ne saurait mieux dégager ce qui caractérise le talent de Baillon ; et ces dons que Georges Eekhoud découvrait dans les brefs récits et les notations qui composent Moi, quelque part, on les retrouvera dans l’Histoire d’une Marie. Mais l’Histoire d’une Marie est une œuvre de longue haleine, un roman construit et conduit avec amour, où s’exerce une profonde connaissance de la nature humaine, et où Baillon a mis avec des qualités d’écrivain, le meilleur et le plus vrai de soi-même.

Une vie est composée d’une infinité d’événements dont la juxtaposition peut nous paraître incompréhensible, si nous ne percevons pas les liens internes qui les relient, si nous ne savons pas découvrir en chacun d’eux, sous une apparente incompatibilité, la même loi profonde.

Un personnage de roman n’est donc vrai et vivant qu’à la condition qu’il se meuve toujours et jusqu’en ses contradictions, non seulement selon son caractère, mais selon son rythme, son pas, son style, selon ce qui est comme la marque de son destin et que l’auteur doit nous imposer et adapter à toutes les circonstances.

Cette adaptation, son degré de difficulté et de réussite, voilà ce qui fait pour une grande part l’intérêt d’un roman. Voilà ce qui est remarquable