Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/94

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sur ce lit où manquait un homme, si elle se leva, puis se releva parce que, peut-être, on frappait à la porte ; si le lendemain, au trottoir, on vit une Marie dolente, une Marie pour la première fois mauvaise avec le type, n’allez pas croire que Vladimir en fût cause.

Non, non et non…

Tout de même attirer au loin une femme qui fut bonne, lui apprendre ce qu’elle n’aurait pas dû et quand ça ne va pas, la planter là, sans savoir si elle a faim, si elle a mal, si elle ne se traîne pas quelque part, comme une chienne, après la main de son maître…

Une de ces amies doucereuses, à planter leur sourire dans les plaies encore rouges :

— Eh bien, ton Vladimir, tu sais ?…

— Quoi ? fit Marie.

— Je l’ai vu. Il est maintenant avec une Allemande, une belle brune qui rapporte.

— Je m’en moque…

On a la rue devant soi. Elle fit quelques pas. Vraiment elle s’en moquait, mais quand l’amie ne put plus la voir, pourquoi, tout à coup, Marie fut-elle si lasse ? Elle s’arrêta.

Mieux valait peut-être abandonner un métier où les Vladimir vous quittent pour des Allemandes. Un coup d’éponge sur son rouge, puis découvrir un maître, un seul, aimable comme Monsieur, ou plutôt quelque bonne dame : simplement redescendre dans sa cuisine — en brave Marie. Certes elle y pensa, certes elle le voulut, mais elle avait son rouge et il passait des hommes.

Un lui fit signe.