Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III



Moi aussi, j’avais eu mes petites aventures et avant Charles. C’est même à cause d’elles, que je le négligeais quelquefois.

Rêver, être page, à vingt ans, j’étais en somme encore chaste et même un peu niais. Oh ! ce que l’on demande aux femmes, je le savais et que ce n’est pas uniquement d’être des reines. Quand même, ces créatures si différentes de ce que j’étais, si élégantes, qui se haussaient sur leurs talons avec de petits airs si distants, quel mystérieux trésor ne détenaient-elles pas ? Quelles prouesses, il eût fallu pour le conquérir ! Mais alors quelle extase. EXTASE dans mon idée, montait comme une cathédrale. Ou comme mon cheval de Troie. Je ne suis pas laid. Dans la rue, j’attrapais par-ci par-là un sourire. Pourtant, elles m’effrayaient. J’avais trop souffert avec ma reine. Je m’en souvenais et en avais assez. Et puis le diable qui rôde, l’âme qui doit rester nette, l’œuvre de la chair, un des plus