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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/157

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était sorti mort, par dessus le marché faire le geste de… cela m’effrayait. Et, c’est bête, ce ridicule détail de clé m’épouvantait plus que le reste.

Un dimanche, je me décidai. La mère me parut moins surprise que je ne le fus. Ses yeux n’étaient plus rouges. Elle portait une robe de deuil, avec un tablier à fleurs passé par-dessus. La clé ? Elle ignorait tout de cette clé. Elle avait la tête si perdue le jour de… Ses paupières battirent un peu. Elle ne dit pas quel jour. Sur son fourneau quelque chose mitonnait :

— C’est mon fricot, dit-elle. J’ai fait un bon achat.

Était-ce la même femme qui sanglotait se tenant à peine debout, pendant le défilé du cimetière ? Il me semblait que son tablier à fleurs, elle ne le portait pas uniquement au-dessus de sa robe. Elle ne parla presque pas de Charles. Elle ne prononça pas une seule fois son nom. Au moment de partir, je lui proposai de revenir le dimanche suivant :

— C’est cela, dit-elle. Je suis si seule… Au revoir.

Mais sa façon un peu molle de me serrer la main remettait cet au revoir à beaucoup, plus tard. Du moins, je l’interprétai ainsi. Cependant je revins et avec je ne sais quelle