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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/20

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pas moins cocu. Votre miroir, chère Madame, je m’y devrais regarder, comme je fais mes mouvements. Votre minute compterait soixante secondes, pas soixante et une. Je devrais me regarder d’une façon bien précise, recommencer si je rate, recommencer si je réussis. Deux tics au lieu d’un. Grand merci !

Il n’y a, décidément, que les piqués pour se comprendre. Avant de me confier ses cahiers, mon voisin m’a coupé les ongles :

— Ils ne blesseront plus.

Des années d’étude, des années de pratique, il a fallu ce temps aux médecins, aux internes, aux infirmières, pour ignorer qu’un ongle qui vous blesse, on le coupe. Puis, il m’a passé ses crayons.

— Écris, Marcel. Quant au crayon, pour les yeux, tu sais, il est tabou.

C’est vrai ! Le crayon est tabou et, tant qu’on écrit, le pouce aussi est tabou.

Et maintenant, Marcel, va. Oublie qui tu es. Cherche ta canne. Va au delà de toi et fais parler Marcel, comme si c’était un autre.