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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/213

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V



Pendant ce temps, Dupéché existait toujours. S’il m’accorda du répit, il savait pourquoi. Je le pressentais. Les autres ne soupçonnaient rien.

— Je ne te comprends pas, disait maman. M. Dupéché n’est pas un mauvais garçon. Il voit les choses telles qu’elles sont. Toi, tu les cherches dans la lune. Un excellent ami pour toi.

Des amis ! Leur âme est une corbeille remplie d’abricots frais. La sienne… J’ai annoncé ma théorie sur les mots. Il est peut-être un peu tard. N’importe. Voici un objet, un être, une idée, un sentiment, on les veut exprimer. Avec la langue, les lèvres, on lance quelques sons. Ils forment un mot, un mot pur, un mot vierge. L’idée, le sentiment y est enfermé, également pur et vierge. On est un peu comme Adam nommant les créatures dans les jardins de Dieu. Bon ! On répète le mot. L’objet se précise ; on l’étreint ; comme Dupé-