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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/228

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main. Je le glissai sur la cheminée dans le dos de Dufau.

De nouveau, je ne sus que faire. Elle me présenta une chaise :

— Comme tu es ému, petit. Prends ton temps. Moi, je me mets au dodo. Quand tu voudras…

Tiapa, fais dodo ! Je fis une grimace. Je n’étais pas venu pour le dodo. Je pensai très nettement à Jeanne. En ce moment que faisait-elle ? Bien entendu, rien ne nous liait. Quand même, me trouver ici dans un lit, c’eût été mal. Une tasse avec quelque chose m’arriva. On avait écorché le phoque. Ce que l’on voyait de la peau nouvelle, était blanc, une peau de femme, des bras, des épaules, le haut d’une poitrine, le tout plus frais que le visage. Elle se pencha. La bouche sur la mienne remua, comme tantôt la bouche de Louise. Ah ! oui la bouche de Louise ! Malgré Jeanne, la femme au dodo, je n’hésitai pas longtemps.

Je n’explique rien, je ne m’excuse pas : tout, dans cette nuit, me semble extraordinaire. Il y eut les instants qu’il faut. Je ne fus plus une bourrique. Après, je sentis comme toujours, mes remords de péché mortel, d’anges qui pleurent, mais en plus doux, avec de la reconnaissance, car la joie complète,