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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/233

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VI



On le devine : je m’éveillai chez moi dans mon lit. À la soirée, malgré maman, je me levai. « Si je t’ai fait quelque bien, tu prieras pour Dufau. » Je me rendis en notre église de Saint-Louis en l’Île. Depuis bien des années, je n’y étais plus entré. Je reconnus notre banc, ma place, celle de l’autre, saint Louis roi et sa couronne, saint Joseph sur son autel, les têtes d’anges et leur sourire, la petite flamme dans son verre rouge, et dans mon cœur, une autre petite flamme brûlait en son verre rouge. « Hier mon Dieu ! j’ai fait le mal. Aujourd’hui, tu existes de nouveau. Tu existes avec plénitude, avec certitude, tel que tu dois exister quand pour un pauvre Marcel tu existes de nouveau. »

Je priai pour Dufau, humble soldat mort il y a vingt ans, qui n’était plus qu’une image sur la cheminée d’une Nelly. Je priai pour Nelly, je priai pour maman, je priai pour papa, je priai pour les hommes. Une bizarre