Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh !

Je sentis dans mes muscles cette force qui se contracte quand on va se ruer sur quelqu’un. À cause de l’isba, je me contins :

— Va-t-en !

Sans doute, il eut peur. Il s’éloigna. À quelques pas, il me tira de nouveau la langue. Un peu plus loin, il leva la main et me fit un pied de nez. Je me contins encore.

Je revins à mon perce-oreille. Sur le caillou, il restait un peu de gras que le soleil effaçait déjà. Oui ou non, ce perce-oreille avait-il une petite queue ? Même en fermant les yeux, je n’en étais plus si sûr. Dupéché peut-être avait raison, puisque moi-même j’avais douté tout d’abord. Mais alors ? Eh ! oui, tandis que je devais tenir mon isba propre, le diable m’avait pris au piège. J’avais menti, je m’étais obstiné, j’avais juré, je m’étais mis en colère : toute une suite de péchés, parce qu’au sortir du confessionnal, je n’avais pas eu la force de fuir un camarade qui me scandalisait. Et cela encore était un péché. D’ailleurs, il y en avait bien d’autres. Est-il bien sûr que je ne me fusse jamais moqué de mon professeur qui s’était flanqué par terre ? Et puis, comment n’y avais-je pas pensé ? Au concours de cathéchisme, j’avais obtenu la première place. Oui, mais en rédigeant mes